La presse électronique mobilisée vers Dieuze
Après le Figaro.fr et la-Croix.com, c'est au tour de Libération.fr de se faire l'écho du drame militaire de Dieuze.
Ci - dessous l'article :
Mobilisation pour une garnison
«Maille». Formation interarmes des forces spéciales de l’armée de terre, spécialisée dans le renseignement, le prestigieux 13e RDP, qui compte 950 militaires et 30 personnels civils, devrait déménager à Souges (Gironde) pour se rapprocher des autres unités des forces spéciales basées à Pau et à Bayonne. Mais le 13, installé à Dieuze en 1963 par Pierre Messmer, «ses 350 familles et 700 enfants» sont un poumon de la vie économique locale. «C’est la moitié des 3 600 habitants et un pouvoir d’achat de 30 millions d’euros», calcule Lormant. Leur départ provoquerait l’asphyxie de cet arrondissement rural et serait une menace pour ses services publics. Directeur général des services de Dieuze, Philippe Morand, craint, lui, une réduction du personnel dans les services de petite enfance : la crèche ouverte en avril «a été dimensionnée en fonction de la population militaire». Pour Rémy Hamant, maire (PS) de la ville voisine de Lindre-Basse, la carte militaire s’inscrit dans un contexte «de désengagement de l’Etat des zones rurales, avec l’école, la poste, la DDE». Après la fermeture du tribunal à Château-Salins, «l’Etat veut me supprimer 20 lits à l’hôpital», ajoute Lormant. «Notre territoire ressemble à un pull dont on a tiré une maille et qui se détricote.» D’où son impression qu’on déshabille une Lorraine en petite forme pour habiller un Sud-Ouest plus riche. «En vingt ans, on a perdu 800 emplois dans la chimie. Deux usines ont été délocalisées. On a déjà souffert. La pensée unique veut que l’avenir soit dans le sud ou les grandes villes.»
Certains commerçants dieuzois évaluent à 30 % la perte de chiffre d’affaires si le transfert était confirmé. «On ne peut que s’inquiéter, glisse Arnaud, buraliste. Les paras ont un pouvoir d’achat assez fort.» L’agent immobilier fait état d’un « marché en stand-by» : «Les clients n’achètent pas et misent sur une dégringolade des prix. Les militaires ne vendent pas avant la décision officielle.» Selon Georges, retraité, le départ du 13 serait le coup de grâce pour Dieuze : «Il y a eu la fin des salines, de la chimie. Là, on lui arrache son dernier membre. Dieuze va devenir… cul-de-jatte.» Un passant pointe la responsabilité des élus qui «ont cette épée de Damoclès depuis des années. Maintenant, ils sont face au mur et ils semblent tomber des nues.» Attablée dans un café, Carine parcourt le Républicain lorrain. Dans son édition de samedi, le quotidien rapporte les propos d’Hervé Morin. «C’est évident que le 13e RDP doit aller dans le Sud-Ouest», affirme le ministre de la Défense. «Il faut se défendre, mais la cause semble un peu perdue, réagit Carine. Le 13 fait partie de Dieuze, j’ai toujours vu passer les camions, les bérets rouges. Le maire a raison de se battre mais que peut-il faire ?»
«Calibre». L’annonce d’une démission des élus : va-tout ou coup d’épée dans l’eau ? «Tant que la bataille n’est pas finie, on doit tirer toutes nos munitions et là, c’est du gros calibre», espère Marcel Mattès, maire de la ville proche de Val-de-Bride et ancien du 13. «Il faut surtout quelqu’un qui a le bras long, maugrée un autre maire. On n’a pas l’audience de Nadine Morano qui a sauvé le régiment à Toul.» Le sénateur (PS) Jean-Marc Todeschini, venu «soutenir les élus», juge que «la mobilisation vient tard. Il fallait manifester il y a deux mois à Paris». Egalement présent, le sénateur (UMP) Philippe Leroy, qui a rencontré en juin Hervé Morin, avec le député (UMP) de Moselle Alain Marty et Fernand Lormant, dit «vouloir se battre jusqu’au bout» mais «n’approuve pas» les démissions. Côté contreparties, le maire de Dieuze campe sur ses exigences. Après avoir refusé l’implantation d’une école de gendarmerie - 150 formateurs et 500 élèves «sans le pouvoir d’achat des militaires» -, il écarte l’idée de «compensation financière»«le maintien du 13 ou son remplacement par un régiment équivalent». Des élus prévoient de manifester devant l’Elysée mercredi, jour du Conseil des ministres.
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