Rase-motte dans la vallée de la Seille
Belle observation d'un busard cendré mâle qui plane silencieusement en bord de Seille.
Peu de battements d'ailes pour notre élégant rapace qui glisse longuement au dessus des prairies et des cultures à la recherche d'un campagnol, d'un mulot ou d'un oiseau posé au sol.
C'est un oiseau migrateur. Il arrive en avril et repart en août-septembre. Il prend ses quartiers d'hiver en Afrique au sud du Sahara ou en Asie Méridionale. Il chasse à l'affût ou en volant à très basse altitude. A 2 ou 3 mètres de hauteur, il survole les champs et les fossés en longues glissades silencieuses.
Compte tenu de sa taille modeste, le busard cendré se nourrit principalement de micromammifères (campagnols, mulots) mais aussi de passereaux qui ont l'habitude de stationner à terre tels que les alouettes, les bruants et les pipits. En effet, le busard ne poursuit pas ses proies et celles qui ont le bon réflexe de s'envoler, ont en général la vie sauve.
Le nid, souvent de petite taille, est construit à terre dans la végétation herbacée, ce qui explique que bien des couvées sont menaçées à l'époque des moissons. En mai-juin, la femelle pond de 3 à 5 oeufs dont l'incubation dure entre 28 et 35 jours. Les jeunes busards quittent le nid en marchant au bout de 3 semaines mais l'envol ne s'effectue qu'au bout de 35 ou 40 jours.
L'espèce est en nette régression ces dernières années. Les causes principales de cette régression sont la destruction des nids par les travaux de récolte des céréales, la chasse et la disparition des habitats. Cette espèce est habituée à construire les nids parmi les cultures, mais les récoltes précoces, dû à la modernisation de l'agriculture, font que ces travaux ont lieu quand les jeunes n'ont pas encore quitté le nid.
Hervé MICHEL, photographe et spécialiste des oiseaux prend position sur la problématique de protection du busard cendré :
"Comme beaucoup de rapaces, le
busard cendré a longtemps été décimé
par l'homme et la loi le protégeant a permis d'arrêter
ce massacre. Malheureusement, à la fin des années
1990, des voix se sont à nouveau élevées
parmi les chasseurs les plus arriérés pour pouvoir
à nouveau le détruire sous le falacieux prétexte
qu'il serait à l'origine de la disparition de la perdrix
dans bien des régions de plaine. Il est évident
que la régression de la perdrix est uniquement due à
l'agriculture intensive qui détruit les haies et les couverts
où elle pouvait nicher entre deux cultures, et qui empoisonne
les insectes et les graines qui forment l'essentiel de sa nourriture.
À partir de là, il est vrai qu'il est plus simple
d'accuser le busard cendré que d'affronter les agriculteurs
et de leur demander de changer leurs méthodes de culture,
d'autant plus que la plupart de ces chasseurs revendicatifs sont
les mêmes agriculteurs qui exploitent ces vastes étendues
stériles qui sont autant de déserts biologiques
où ni les busards, ni les perdrix ne peuvent survivre.
Mais quand on sait le poids politique des chasseurs en France,
le busard cendré a de quoi s'inquiêter d'autant plus
que certains braconniers se disant chasseurs, forts de leurs convictions,
estiment qu'ils peuvent outrepasser la loi pour en abattre quelques-uns.
Et pourtant le busard cendré n'a pas besoin de ces excités
de la gachette qui ne comprennent rien aux équilibres de
la nature pour faire partie des espèces menacées
de France. Depuis les années 1970, il est en effet artificiellement
maintenu en vie dans bien des endroits de France par une foule
de bénévoles de diverses associations de protection
de la nature. Ces derniers se chargent de surveiller les nids
situés dans des cultures et les repèrent en les entourant de piquets lorsque l'agriculteur débute la moisson. Sans
cette intervention qui mobilise des milliers de personnes en
France au début de l'été, le busard cendré
aurait bel et bien disparu de nombreuses régions car là
où les marais ont tous disparu, les cultures représentent
l'unique site de substitution."
Pour illustrer les propos de Hervé MICHEL, à Moyenvic un nid de busard a été repéré en 2011 dans une culture. Demande a été faite à l'agriculteur pour protéger le nid de la moisson (cela revient à baliser un carré de 2m² à l'aide de 4 hauts piquets afin que la moissonneuse évite le nid et ne tue les jeunes encore présents et incapables de voler). Réponse : NON !!!! Sans commentaire sur la mentalité et l'état d'esprit de cette personne ... moyenvicoise.